L’interview du Président
L’UTP a activement contribué aux Assises de la mobilité, et maintenant ?
La quasi-totalité de nos propositions émises pendant ces Assises ont été reprises par la ministre des Transports. Nous resterons très investis auprès du gouvernement et des parlementaires pendant l’élaboration du projet de loi d’orientation des mobilités.
Que pensez-vous du rapport du Comité d’orientation des infrastructures ?
L’UTP est, bien sûr, favorable à la priorité donnée à la maintenance des infrastructures ferroviaires ou routières. Toutefois, les engagements de la France dans la lutte contre le changement climatique ne pourront pas être tenus sans une politique courageuse en faveur du report modal. Or le report modal passe par une plus grande équité en matière de concurrence, ce qui nécessite de prendre en compte les externalités positives et négatives de chaque mode.
La refonte du système ferroviaire a aussi beaucoup mobilisé l’UTP…
Par essence, l’UTP est favorable à l’ouverture à la concurrence dans un cadre régulé. Nous avons mené un travail de longue haleine pour définir nos recommandations, notamment sur les questions sociales et sur les transferts des matériels roulants et des installations de maintenance, la billettique et l’information voyageurs. Nous avons présenté nos positions à Jean-Cyril Spinetta, au gouvernement et aux parlementaires. Nous restons mobilisés pour les accompagner dans leurs travaux sur le projet de loi pour un nouveau pacte ferroviaire.
Comment avance la construction de la convention collective nationale ferroviaire ?
Compte tenu de la réforme en cours, le calendrier initial risque d’être différé de quelques mois. Pour autant, nous avons bien avancé : avec la signature de l’accord sur le volet « formation professionnelle » en 2017, cinq des huit volets de la convention collective sont aujourd’hui applicables aux entreprises de la branche. Les discussions sur le volet « classification et rémunérations » ont démarré, viendront ensuite les négociations des volets « prévoyance » et « exercice du droit syndical ».
Dans le transport urbain, le dialogue social est également dense…
Après l’accord sur la sécurisation des parcours professionnels fin 2017, nous avons signé, en 2018, un accord sur l’évolution des salaires minimums conventionnels, négociations qui, faute d’entente entre les partenaires sociaux, n’avaient pu aboutir ni en 2016 ni en 2017. À présent, nous programmons les futures négociations, liées notamment à la réforme du Code du travail et à la future réforme de la formation professionnelle.
Comment avance le dossier sur la sûreté et la lutte contre la fraude ?
La fraude représente un manque à gagner proche de 600 millions d’euros par an ; c’est pourquoi nous espérons la parution du décret et de l’arrêté d’application qui permettront de mettre en service la plateforme de vérification des adresses des contrevenants. Nous attendons aussi la mise en place, par l’État, du dispositif d’information des employeurs de la perte de détention du permis de conduire des salariés affectés à des missions de conduite.
Le rééquilibrage du modèle économique du transport public urbain reste-t-il un enjeu prioritaire ?
Oui, bien sûr. Après vingt ans de dégradation continue, le ratio R/D s’est certes légèrement redressé en 2015 et en 2016, mais la pérennité de notre modèle économique repose sur une répartition équilibrée de la contribution des voyageurs, des employeurs via le Versement Transport et des contribuables via la fiscalité locale. Nous en sommes encore loin…
L’UTP s’investit aussi beaucoup dans l’ouverture des données…
Oui, car c’est un dossier sensible. En France, nous suivons les textes d’application de la loi Lemaire. Nous travaillons aussi sur les propositions européennes : la révision de la directive PSI et la proposition de règlement Free Flow of Data tout comme le règlement sur les services d’informations multimodales qui se concrétisera par une plateforme nationale «transport.data.gouv.fr ».
Quel message souhaitez-vous transmettre à la profession ?
Notre environnement vit des mutations historiques. Depuis plus d’un siècle, l’excellence des entreprises françaises et leur regroupement au sein de l’UTP nous ont aidés face à toutes les évolutions, et elles ont été nombreuses ! Cette force nous sera encore plus précieuse dans les mois et les années à venir.
THIERRY MALLET EN QUELQUES DATES
Polytechnicien, ingénieur des Ponts et Chaussées et titulaire d’un master en sciences du MIT, Thierry Mallet a débuté sa carrière en 1987 au ministère de l’Équipement avant d’occuper plusieurs postes à responsabilité dans le groupe Générale des Eaux, en France, en Espagne et aux États-Unis. Directeur général adjoint chargé de l’Europe chez Vivendi Water Systems de 2000 à 2003, il devient directeur général délégué, puis directeur général de Degremont (Suez) avant d’être promu, en 2010, directeur de l’International du groupe Suez, puis, en 2013, directeur de l’Innovation, de la Performance industrielle et du Marketing. Thierry Mallet a été nommé président-directeur général du groupe Transdev le 9 septembre 2016 et a été élu président de l’UTP le 8 juin 2017.
Le mot du Délégué général
Des évolutions majeures pour l’UTP et pour l’ensemble de la profession ont marqué l’année 2017. Les États généraux de la mobilité durable, organisés par...