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Réforme du financement de l’apprentissage 2025 : quels impacts pour les entreprises et les branches professionnelles ?

Mardi 10 juin 2025

Face à la montée en puissance du dispositif d’apprentissage et à l’explosion de son coût, l’État engage une réforme d’ampleur de son financement. Cette refonte, prévue pour entrer en vigueur progressivement à partir de juillet 2025, vise à rationaliser les dépenses, recentrer les efforts sur les besoins du marché du travail, et responsabiliser davantage les entreprises. Cet article propose une lecture des mesures clés, de leur calendrier, et de leurs conséquences concrètes, notamment pour les secteurs ferroviaire et urbain.

Pérenniser le financement et cibler les besoins

Depuis 2019, le coût de l’apprentissage a presque doublé, passant de 6,4 à 11,3 milliards d’euros en 2023. Pour assurer la viabilité du système, la réforme entend :

  • Cibler les financements sur les formations répondant aux tensions de recrutement, en particulier les premiers niveaux de qualification (CAP à Bac+2) et les métiers en tension

  • Réduire les inégalités entre CFA en supprimant les différences de prise en charge selon les organismes et en instaurant un niveau unique par certification, simplifiant ainsi le système

  • Responsabiliser davantage les employeurs en les associant au pilotage du système et en partageant les coûts

Un calendrier progressif

  • 1er juillet 2025 : Entrée en vigueur des premières mesures (participation employeur, modulation pour la formation à distance, proratisation journalière)

  • Rentrée 2026 : Application généralisée des nouvelles règles de financement par certification et extension des plafonnements

Les principales mesures de la réforme

1. Contribution employeur pour les formations Bac+3 et plus

Dès juillet 2025, les entreprises devront verser 750 € par contrat d’apprentissage de niveau Bac+3 à Bac+5. Cette contribution sera collectée directement par les CFA. Elle met fin à la gratuité totale des formations supérieures, notamment dans les secteurs techniques où ces niveaux sont fréquents.

2. Réduction des aides à l’embauche

L’aide unique à l’embauche passe à 5 000 € pour les entreprises de moins de 250 salariés et à 2 000 € pour les plus grandes, contre 6 000 € auparavant. Cette aide ne sera versée que la première année du contrat et sous conditions, ce qui impactera particulièrement les grands groupes.

3. Unification et modulation des prises en charge

Le système passe de 800 000 configurations à environ 3 500, avec un niveau unique de prise en charge par certification. Si plus de 80 % de la formation est dispensée à distance, le financement sera minoré de 20 %, pour coller au plus près des coûts réels.

4. Proratisation journalière des financements

En cas de rupture anticipée ou d’interruption du contrat, la prise en charge sera calculée au jour près, et non plus au mois, ce qui limitera le financement des contrats courts ou discontinus.

5. Réduction des exonérations de cotisations sociales

L’exonération totale de cotisations sociales pour les apprentis sera désormais limitée aux rémunérations inférieures ou égales à 50 % du SMIC (contre 79 % auparavant). Pour les apprentis rémunérés au-delà, les employeurs devront s’acquitter de charges sociales sur la part excédentaire.

Impacts pour les secteurs urbain et ferroviaire

Ces secteurs, grands utilisateurs de l’apprentissage pour des métiers techniques et qualifiants, seront particulièrement touchés :

  • Hausse des coûts directs : La contribution obligatoire et la baisse des aides à l’embauche augmenteront le reste à charge pour les entreprises, surtout pour les formations longues (Bac+3 et plus)

  • Augmentation des charges sociales : Les apprentis des niveaux supérieurs, souvent mieux rémunérés, généreront davantage de cotisations patronales

  • Adaptation des stratégies de formation : Les entreprises et branches devront négocier des NPEC adaptés avec France compétences pour éviter des sous-financements ; optimiser leurs parcours de formation, en réduisant potentiellement la durée ou le recours à la formation à distance, ce qui peut entrer en tension avec les besoins en compétences longues et techniques ; réévaluer le modèle économique des CFA, appelés à prouver la pertinence de leurs coûts.

  • Impact sur l’attractivité : La hausse des coûts pourrait freiner le recours à l’apprentissage, tant du côté des entreprises que des jeunes, au détriment du renouvellement des compétences dans des métiers déjà en tension.

La réforme du financement de l’apprentissage 2025 impose une adaptation rapide à tous les acteurs : entreprises, CFA et branches professionnelles. Si elle vise à garantir la pérennité du système et à mieux répondre aux enjeux du marché du travail, elle risque aussi de fragiliser l’attractivité de l’apprentissage pour les employeurs et les jeunes, notamment dans les secteurs techniques. 

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